Comment est née la petite Kotori ?
Elle est née il y a longtemps je pense, quand je lisais des histoires à mes fils (qui ont maintenant 29, 28 et 18 ans !). Je cherchais toujours des héros ou héroïnes curieux, espiègles, avec des dons ou des pouvoirs magiques. Je me disais que j'aimerais bien en créer sur mesure pour les enfants amoureux de nature et d'animaux comme mes fils. 
Puis Kotori a pris plus de place encore dans mon esprit quand j'ai croisé les peintures de Morgane Boullier. Je sentais que les petites filles qu'elle dessinait devaient prendre vie dans de belles aventures japonaises.

D'où vient l'idée de cette petite fille espiègle qui parle aux animaux ?
Pour le côté espiègle, j'ai toujours aimé ce profil de petites filles. J'adorais Matilda (Roald Dahl, Fifi Brindacier, Sophie (Les malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur). Et à la télé j'étais fan de Wonder Woman, de Dorothy dans le Magicien d'Oz, et côté Japon j'ai démarré avec Candy puis me suis passionnée pour les héroïnes des studios Ghibli (Nausicaa en particulier).

Le don de parler aux animaux est venu naturellement car deux de mes fils passaient de longues heures à parler avec les animaux dans la nature ou dans les parcs zoologiques. Je me souviens avoir regarder pendant de longues minutes l'un des deux parler avec un groupe de singes, il était très concentré et les singes le semblaient tout autant, c'était magique ! Mon dernier a démarré très tôt la conversation avec les animaux, d'abord avec les escargots quand il avait à peine deux ans, puis les lézards, les araignées qu'il nourrissait de petits insectes, et bien d'autres reptiles et insectes en tous genres qu'il semblait comprendre. Le lien fort qu'ont les enfants avec la nature m'émerveille toujours !

Qu'est-ce qui t'inspires et te séduis au Japon ?
Mon lien avec le Japon est assez ancien. J'ai découvert la littérature japonaise dans ma vingtaine avec Yasunari Kawabata et j'en suis tombée amoureuse. Il est un de mes auteurs préférés avec Natsume Soseki (Oreiller d'herbes est un de mes livres de chevet) et Matsuo Basho le grand maître du haïku. Je suis également enchantée par la littérature japonaise contemporaine, particulièrement Ito Ogawa et Hiromi Kawakami. J'ai ensuite découvert le thé et la cuisine japonaise et de fil en aiguille toute la culture fascinante de ce pays (les fêtes saisonnières, le bouddhisme et le shintoïsme etc.). Je suis particulièrement fan du matcha et des wagashi (pâtisseries japonaises de toute beauté).

Ce que j'aime dans ce pays, c'est marcher... me perdre dans les petites rues, tomber en pleine campagne sur un torii ou un jizo, admirer les paysages, les forêts, les jardins, les rizières qui changent de couleur au fil des saisons, les plantations de thé ... et le Mont Fuji ! Au quotidien, j'explore les rues de Tokyo, je découvre des fleurs toute l'année et je m'émerveille des chants des oiseaux si différents de ceux de mon enfance, du vol d'un gros papillon noir (les insectes ici sont impressionnants !). C'est cela que je veux partager au quotidien avec les gens qui me suivent. Ils le savent bien et m'accompagnent dans mes promenades entre fleurs, cafés et gourmandises au fil des saisons ! Car ce qui me marque le plus ici c'est le passage des saisons : elles sont bien marquées et j'y fais beaucoup plus attention qu'en France. Même au bout de trois ans, je m'émerveille toujours autant de la floraison des pruniers, sakura et hortensias, et j'attends après l'été étouffant l'explosion des couleurs de l'automne !