Quel est ton parcours en photographie ?

J’ai débuté la photographie, il y a 17 ans, à l’Académie de l’art à Cracovie. J’ai été fasciné par les intérieurs authentiques. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours cru qu'un intérieur raconte l’histoire d’un pays, d’une culture, d’une vie. Le patrimoine culturel me fascine. Plus tard, au Pays Bas, j’ai continué les études en communication de l’image. J’aime raconter l’Histoire en photographie et faire des portraits et construire des projets de longues haleines. Depuis quelque temps, je fais aussi des natures mortes qui ont du succès. Je suis parisienne s’inscrit dans cette volonté de chercher la vérité sur qui est la femme Parisienne et de lui rendre hommage. 


Quel est l'origine de Je suis parisienne ?

L’idée m’est venue en observant les gens dans les rues de Paris, où j’ai habité entre 1980 et 2002. Je me demandais, parmi toutes ces Parisiennes, qui étaient vraiment nées à Paris et qui étaient venues à Paris plus tard. J’ai ainsi décidé de faire des portraits de Parisiennes de tous les âges, de tous les quartiers… Il fallait juste qu’elles soient nées à Paris ! J’ai osé commencer le projet sans savoir jusqu’où il irait et il m’a fallu moins d’un an pour voir le projet aboutir et arriver dans les mains de mon éditrice. 


Comment as-tu rencontré les 102 femmes du livre ?

J’ai commencé avec 5 femmes, trouvées grâce à mes amies. Avec cette approche, les Parisiennes que j’ai rencontrées ont tout de suite montré une grande motivation pour participer à mon projet. Elles m’ont fait confiance. J’ai ressenti que ce n’était pas dans le but de se mettre en valeur, ni pour retrouver sa photo dans un livre… Non, j’ai ressenti que c’était plutôt pour aider à cartographier la Parisienne, à comprendre qui elle est, comment elle vit, pour décrypter ce qui unit toutes les Parisiennes, d’hier à aujourd’hui. Cet essai était réussi ! Quand j’ai montré les premières mises en page : photos, histoires et citations, les Parisiennes ont été positivement surprises et touchées. 

Mon réseau n’a pas suffi pour trouver toutes les Parisiennes. Les recherches ont été une vraie aventure : je les ai trouvées grâce à mes amies, des associations, mais surtout grâce aux Parisiennes elles-mêmes ! Je suis allée les chercher dans la rue, dans l’arrondissement qui me manquait, dans des parcs, dans des restaurants… Et je demandais inlassablement : « Est-ce que vous êtes née à Paris ? ». 


Comment se sont déroulés les échanges avec les Parisiennes ?

Je débutais toujours par l’entretien. Ainsi je connaissais mieux mon « sujet », tout en réfléchissant à l’angle de ma photographie. Mon interlocutrice apprenait à me connaître et à se sentir à l’aise. Je commençais toujours par leur demander quel était leur quartier d’enfance et leur trajet personnel dans Paris. Notre entrevue devenait un document pour moi, en tant que photographe et autrice, mais aussi un cadeau pour celle qui avait participé ! 

Puis, Élisabeth Berthomès transcrivait les interviews audios en textes. J’ai eu énormément de chance avec cette autrice extraordinaire, parce que le style et le ton de ses beaux textes correspondaient exactement à ce que je voulais transmettre. 

Je me suis rendue compte avec l’éditrice que leurs histoires personnelles réunies formaient 100 ans d’histoire de Paris.


Est-ce qu’il y a une femme qui t’a touchée, inspirée, émue ? Pourquoi ?

J’ai adoré ce travail et j’ai sincèrement aimé chaque Parisienne avec qui j’ai cheminé et que j’ai appris à connaître. Sans la participation active et bienveillante de ces 102 filles et femmes, il n’y aurait pas de portraits, ni d’histoires, ni 100 ans de Parisiennes… Je leur en suis reconnaissante à jamais ! La Parisienne m’a beaucoup inspirée. Si tu écoutes l’histoire d’une personne, tout le monde devient intéressant. Il n’existe pas de personnes intéressantes. Je peux citer les femmes qui se souviennent vivement de la Libération, les femmes qui ont lutté pour avoir leur diplôme, qui ont vécu des grandes histoires d’amour ou qui sont reconnaissantes envers leurs parents d’avoir parcouru des milliers kilomètres difficiles pour leur permettre un meilleur avenir à Paris. Les Parisiennes sont résilientes et fortes.